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Juventus - Real Madrid : L'analyse tactique

Finale très attendue de cette édition 2017, cette rencontre devait opposer deux efficacités différentes : la rigueur défensive de la Juventus et ses 3 petits buts encaissés sur la compétition face aux offensives tranchantes du Real Madrid et ses nombreux buts inscrits.

L'occasion aussi pour les Merengue de s'attitrer une 2ème Champions League consécutive et d'entrer davantage dans l'Histoire.

Allegri quant à lui jouait sa 2ème finale après celle perdue contre Barcelone en 2015, et la chance également de faire taire les spéculations de "malédiction" sur une Vieille Dame peu récompensée lors de ses dernières finales jouées.

Pour démarrer ce match, les deux entraineurs partaient sur leur XI habituel de ces dernières semaines, pas de surprise majeure donc.

Les XI de base

Les systèmes réels + l'animation

Le match

Les intentions de part et d'autre sont apparues très tôt dans la rencontre : 1er ballon de la Juventus et on allait déjà chercher la supériorité aérienne de Mandzukic sur Carvajal et donc un avantage sur le flanc gauche italien.
L'utilisation du Croate ayant été une arme importante au cours des derniers matches, la Juve va chercher à tirer profit de cet avantage : Alex Sandro - Mandzukic contre le seul Carvajal qui doit défendre son couloir seul, aidé par un Modric qui doit coulisser pour arriver.

Juventus : Recherche de Mandzukic... Mais trop rarement.

Déjà ici, Mario Manzukic peut tirer avantage du 2 >< 1 pendant qu'Alex Sandro va fixer Carvajal, mais le Croate n'exploite pas la profondeur.

A côté de cet aspect à exploiter, il est donc aussi question du jeu de tête de Mandzukic à exploiter face à un Dani Carvajal peu à l'aise dans ce domaine.

Avantage que n'ont jamais utilisé les joueurs d'Allegri alors que les occasions n'ont pas manqué.

Il faudra attendre la... 85ème minute et un centre en profondeur de Bonucci pour revoir ce danger.

Après avoir joué le ballon latéralement, Mandzukic ne se projette pas dans le rectangle alors qu'Alves est en position de centre : il y avait pourtant un espace énorme à exploiter.

Real Madrid : Difficulté dans la fluidité ; la solution Isco

Les Madrilènes vont aussi tenter de s'appuyer sur un point : la perforation par le flanc gauche également.

C'est d'ailleurs à travers un homme, Karim Benzema, que va se manifester ce désir de mettre en difficulté Barzagli. En effet, le Français va chercher la déstabilisation par le dribble :

6 tentatives de dribbles pour Benzema, dont les 3 sur le flanc gauche lors des 5 premières minutes.

Mais la défense turinoise ne fait aucun cadeau à l'ex-international et cadenasse sa moitié de terrain : Benzema et Ronaldo sont parfaitement marqués par la défense centrale.

Le Real va dès lors mettre du temps à pouvoir sortir de son camp, mais une fois fait le côté gauche restera une priorité.

La finalité? Chercher le dos de Barzagli :

Isco n'hésite pas à venir chercher auprès du triangle (Casemiro-Kroos-Modric) pour sortir de la pression du 1er rideau de la Juve.

Lorsque Kroos et Modric pourront se mettre face au jeu, toujours en dehors de ces zones de pression, Isco va alors chercher les intervalles pour se retourner.

Le Real privilégiera cependant la création du danger sur le flanc gauche ; Carvajal doit passer négativement car personne ne l'accompagne sur le flanc droit.

La seule occasion majeure du Real en 1ère période, hormis leur but, vient d'un appel d'Isco dans le dos de Barzagli.

Le 0-1

C'est finalement sur une reconversion offensive, véritable force des hommes de Zidane, que le Real va ouvrir le score.

L'intelligence de Kroos va faire la différence ; éliminer le 2ème rideau de la Juventus pour pouvoir servir Benzema. La suite est un dédoublement de passe sur lequel la défense turinoise ne réagira pas assez vite : Chiellini va mal lire le déplacement de Ronaldo qui croise parfaitement, même le ballon est très légèrement dévié.

Le fait que Manzukic laisse (et ce durant tout le match) Carvajal partir contre Alex Sandro va ici créer brève une supériorité numérique contre le Brésilien.

Le 1-1

La réaction des champions d'Italie ne va pas se faire attendre très longtemps : les Bianconeri repartent avec rythme et rapidité dans les enchainements.

Là où depuis le début du match (cf ci-dessus) l'apport d'Alex Sandro pose problème à un Carvajal esseulé, ce problème causé par la Juve va enfin payer suite à un très bon mouvement :

L'appel d'A. Sandro est parfait (et Isco ne ferme pas), l'ouverture de Bonucci l'est tout autant et la suite ne laisse pas le temps à Carvajal de sortir sur Mandzukic qui s'offre le geste de cette finale.

Keylor Navas n'est pas sur les bons appuis et vont cette reprise le lober.

La chance de la Juventus déjà passée?

Autour de ces 2 buts, les équipes ont des possibilités de reconversions qui ne sont pas abouties, soit par incompréhension (Dybala - Higuain/Manzukic) soit par faute technique (Isco).

Les Madrilènes tentent d'aller presser le plus haut possible les Turinois mais avec plus ou moins de succès, les solutions de relance étant trouvées assez aisément sauf exception.

En face, Higuain et Dybala ont bien du mal s'exprimer : le 1er sert de rare point d'appui et le second parvient à ressortir de situations complexes en obtenant quelques fautes. Il faut également préciser que Sergio Ramos ne permet pas au prodige Argentin de s'exprimer.

Mais la question qui se pose est : et si la chance avait déjà choisi son camp avant la pause? En effet, les joueurs de la Vieille Dame ont eu, depuis le début du match, l'occasion à plusieurs reprises de se créer des occasions sur des frappes à distance mais qui se sont finalement vues repoussées par un bel arrêt de Navas ou par des blocks défensifs.

Sur cette dernière frappe de Pjanic, la frappe est timidement (bien que proprement) repoussée par Varane.

Là où la Juventus aurait pu profiter, également par l'apport de Khedira, de ces zones laissées libres aux 16 mètres pour faire la différence, il n'en fut rien.

La suite, elle est connue : le vent va plutôt s'orienter dans la direction contraire.

La 2ème mi-temps

Lorsque les deux équipes rentrent sur le pelouse, rien ne laisse présager la différence de dynamique qui va être exposée par les 22 acteurs.

Le Real continue toujours à s'appuyer sur leur plan de jeu à savoir rechercher le dos de Barzagli via Isco et manque déjà de reprendre l'avantage là dessus :

La suite des évènements va être une cascade de répétions pour la Juventus : des pertes de balle, occasionnées par du déchet dans la relance ou par des dribbles désespérés d'Higuain (plusieurs ballons perdus, esseulé néanmoins).

Les reconversions offensives des hommes d'Allegri sont compliquées et il est dès lors difficile de sortir de son camp face aux champions d'Espagne qui arborent une fraicheur physique dans les efforts que les Bianconeri semblent incapables de reproduire.

Ces 3 dernières séquences démontrent toute la difficulté rencontrée par la Juventus : entre mauvais choix ou impatience dans la reconversion, espaces non exploités (accompagnement d'Alves) ou encore passivité dans la construction.

Le pressing du Real, mieux exercé qu'en première période, n'y est pas étranger non plus mais n'explique pas tout.

Les coéquipiers de Buffon commencent à laisser beaucoup d'espace à leurs opposants et le duo Pjanic-Khedira coule tout doucement face à la force de conservation et d'animation du trio Casemiro-Kroos-Modric.

Le triangle régule en effet le tempo du match et plus rien ne les empêchera d'ailleurs de le faire jusqu'au terme des 90 minutes.

Le 1-2 & le 1-3

La conséquence de cette domination madrilène est que le bloc bianconero subit et défend en reculant, chose jamais positive.

La chance, qui avait boudé les frappes de Pjanic en 1ère période, décide alors de porter l'essai de Casemiro alors que l'angle de tir est bien fermé (à défaut d'avoir défendu proprement sur l'action).

Mais la chance est provoquée : Casemiro fait parler l'audace et Khedira décide de ne pas faire face à la frappe, le ballon est juste dévié comme il le faut pour battre Buffon au ras de son poteau.

La Juventus va malheureusement continuer à montrer une forme de passivité au moment de reconvertir la récupération du ballon et c'est Mandzukic qui va en être la figure en réagissant très tardivement sur un ballon repoussé par Alex Sandro.

Modric va alors profiter de l'espace disponible pour à nouveau dicter le tempo : infiltration sans ballon et centre au 1er poteau.

La situation de 3 >< 3 (4 si on compte Carvajal dans la situation) et donc de situation de marquage individuel ne sera pas compensée par la Juve et notamment par Chiellini qui est à nouveau battu par le déplacement de Ronaldo.

Suite à ce double coup dur, les joueurs d'Allegri auront davantage de difficulté à mettre le pied sur le ballon, le milieu madrilène étant dominateur sur tous les plans.

Et si nécessaire, aidé par un Isco toujours aussi mobile et dont la différence de fraicheur physique se remarque à la 76e :

Le 1-4

Les entrées de Cuadrado, Lemina et Marchisio ne changeront malheureusement rien pour la Juventus :

Le 1er tente d'amener le ballon dans le camp madrilène mais avec trop de déchet au final et peu accompagné, il se fera exclure injustement.

Le 2ème rentrera pour amener un supplément de poids dans un entrejeu complètement impuissants ; passant à 3 milieux, Allegri souhaitait faciliter la récupération du ballon.

Le 3ème tentera d'amener un semblant d'équilibre dans le milieu mais sera en difficulté face aux montées de Carvajal, ce dernier servant de point de fixation entre les lignes turinoises et permettant ensuite de trouver ses partenaires devant la défense adverse :

La domination du Real Madrid ne se fera donc pas entravée malgré quelques tentatives adverses dans leur camp dont un coup-franc excentré qui aurait pu relancer le match.

Au contraire de ça, c'est un coup de pied arrêté pour les Merengue qui conclut ce match sur un 4ème but, après une différence faite de Marcelo sur Lemina, naïf mais non couvert.

Conclusion

Après une 1ère mi-temps très disputée entre deux blocs qui se neutralisaient dans l'ensemble, il était normal d'attendre un second acte aussi équilibré.

Malheureusement, la différence démontrée fut assez importante que pour asphyxier des Turinois qui semblaient déjà en peine dans leurs efforts.

Car oui, pour une fois l'accent tactique ne sera pas le seul à être mis sous la loupe, tant les aspects physique et chances ont eu leur importance lors de ces secondes 45 minutes :

Le 2ème but de Madrid tombe à un moment où la Juventus est en peine mais tient le choc mentalement.

Alors, ces derniers ont-il perdu car ils peinaient physiquement ou peinaient physiquement car ils perdaient?

Cette question, rarement posée lors d'un basculement du genre, est importante car elle impose l'aspect mental dans la balance.

En dehors de ces multiples facteurs, il est utile de résumer le match à ces quelques statistiques qui ont eu leur importance, qui ont fait la différence ou auraient pu la faire, et qui résumeraient presque le match à elles seules :

Passes recherchées par la Juventus dans le dernier 1/3 du terrain

Axes d'actions recherchés par la Juventus et le Real Madrid.

Ballons touchés par Isco

Nombre de ballons touchés par les joueurs de la Juventus en 2ème période.

Statistiques de la 2ème MT (Juventus - Real Madrid)

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