Kasper Dolberg
Alors que l'Ajax a déjà réussi sa saison sur le plan continental avec cette finale en Europa League, le club a également permis à de nombreux talents d'éclore aux yeux des observateurs.
Parmi eux, l'attaquant Danois de 19 ans épate de par son aisance et sa faculté à déjà faire la différence au haut niveau.
Grand espoir du pays nordique, en perte de vitesse dans la formation, le joueur formé à Silkeborg compte désormais une saison pleine avec 15 buts en 27 matches d'Eredivisie.
Focus sur celui qui est la cible des superlatifs renvoyant à un autre nordique passé par Amsterdam, Zlatan Ibrahimovic.
L'utilisation du ballon : la surprise au bout du pied
Le dribble et l'accélération
Rare chez les attaquants efficaces de nos joueurs, la conduite de balle et la faculté à éliminer les adversaires est bien présente chez Dolberg.
Là où son accélération et sa vitesse sur les premiers mètres lui amènent la percussion, il peut déstabiliser son opposant direct avant d'être un danger pour les filets adverses.
La différence est d'abord faite sur sa 1ère touche qui élimine son opposant.
La qualité de la conduite de balle va lui permettre d'obtenir le penalty à défaut de l'occasion de but.
Véloce et capable de remporter des duels physiques, il va ensuite se jouer de son défenseur par l'intelligence en se créant un angle de tir.
Il ne lui manque ici par grand chose pour s'offrir un face à face avec Lopes.
Son accélération est souvent bien au dessus de ce que lui oppose un défenseur.
Cependant, ces exemples n'éclipsent pas le fait qu'il est responsable d'erreurs de concentration et/ou de nonchalance dans certaines situations, lui faisant faire les mauvais choix au mieux, ou perdre le ballon au pire.
Alors qu'il élimine plusieurs adversaires sur les premiers mètres, son relâchement rompt la reconversion offensive de son équipe.
Alors que la possibilité de verticaliser en glissant à son partenaire (qui peut fixer la défense adverse) est présent, il fait le mauvais choix de conduire latéralement pour finalement perdre le ballon.
Le décrochage et la déviation
En tant que 9 complet, Dolberg joue aussi sur ses qualités dans le jeu en déviation pour déstabiliser le bloc adverse.
Que ce soit en faisant profiter aux ailiers percutants d'un point d'appui ou pour lui même se mettre face au jeu, le Danois ne stéréotype par ses choix dos au but.
De par son positionnement très éloigné, Dolberg permet un espace de décrochage qu'il va aller chercher pour servir d'appui à J. Kluivert.
Son décrochage est dans le bon timing, sa déviation est parfaite, et sa prise de profondeur lui permet de se retrouver face à Lopes.
Malheureusement, l'ouverture de Klaassen est manquée.
Le poison dans la course
Comme dit ici plus haut, Kasper Dolberg joue la plupart du temps très éloigné du ballon. Il ne s'en rapproche que lorsque ses ailiers cherchent un appui ou sur les rentrées en touche.
Très compliqué donc pour ses partenaires de compter sur lui dans la construction voire pour les latéraux de trouver un point de fixation aérien.
Mais à quoi lui sert une telle position?
Le numéro 25 emmène avec lui la défense Lyonnaise et crée donc énormément d'espace pour ses partenaires.
La prise de profondeur, le danger permanent
Il est évident que ses qualités physiques (vitesse et accélération) vont lui permettre d'être un poison pour l'adversaire.
Mais ces facteurs ne décident pas de tout, il faut surtout l'intelligence de les créer au bon moment et au bon endroit.
Sa prise de profondeur est parfaite et il l'allie ici avec ses qualités de déviation
Son changement de direction dans l'appel lui permet de s'offrir l'espace entre les deux centraux (celui à son marquage étant éliminé par cette rupture).
Malheureusement la passe manque de puissance.
Là encore il emmène parfaitement son opposant pour ensuite prendre l'espace mais Ziyech ne lui glisse pas.
Ne suivons que Dolberg.
Il initie l'action par un appel/contre-appel avant de venir à la construction.
Le jeu va basculer et il va profiter de cet espace pour venir en pleine course et surprendre la défense, même si le centre ne lui pas adressé ici.
BUT. A nouveau loin du ballon à la base (on voit Klaassen qui profite de cet espace entre lui et Kluivert), il vient en plein mouvement couper le centre.
La fluidité de ses appels de balle mettent en difficulté les lignes adverses.
Le bât qui blesse : le timing dans les 6 mètres
S'il y a un contexte dans lequel l'attaquant a encore beaucoup de marge de progression, c'est ici.
Là où il embarque parfaitement ses défenseurs lorsque le ballon est plus bas sur le terrain, il pêche beaucoup plus dans le manque de solution lorsque le cuir parvient au petit rectangle adverse : souvent à contre-courant, les fois où il surprend la défense sont rares.
Alors que son partenaire n'est pas encore en position de centre, il occupe déjà la 1ère zone marqué par son défenseur.
Derrière, il cherche trop tard le second poteau.
Alors que sa déviation pour Traoré est parfaitement exécutée, il ne prend pas l'intervalle derrière la défense une fois dans le rectangle.
Non seulement il empêche une solution mais cet appel aurait permis d'ouvrir la ligne de passe avec l'ailier gauche.
Là où a la rupture doit intervenir quand Traoré est en position de centre, Dolberg ne propose rien et reste complètement marqué.
Cette fois l'appel est exécuté dans le bon espace et avec la bonne intensité mais pas au bon moment.
Au lieu d'appeler quand Traoré est en possession (et qu'un centre est presque impossible pour lui), il doit patienter que l'ailier soit en position de centre.
La finition
Comme cité en introduction, le Danois a inscrit la bagatelle de 15 buts en 27 matches d'Eredivisie.
Imprévisible, il peut dégainer ses frappes de n'importe quelle situation, rectangle ou en dehors.
Mais quelles sont ses préférences devant le but?
Loupe sur le dernier geste ; jusqu'au dernier moment, Dolberg masque son intention.
Il choisit d'ailleurs l'extérieur du coup de pied pour tromper Lopes d'une frappe croisée inattendue, là où il aurait pu choisir l'intérieur pour un résultat moins transparent.
Buts inscrits en Eredivisie
Buts inscrits en Europa League
Perte de balle : pressing soutenu
Enfin, n'oublions pas ce qui est parfois oublié dans la prise de conscience des jeunes attaquants : la récupération du ballon et le travail défensif.
Inutile d'en faire un long explicatif, Dolberg ne lésine pas sur les efforts pour mettre l'adversaire sous pression et l'obliger à allonger le jeu.
Sa course se fait toujours de façon à couper la relation entre les centraux et obliger le porteur à jouer vers l'avant.
Conclusion
Diamant encore à polir, particulièrement dans son jeu sans ballon aux abords du petit rectangle adverse, Kasper Dolberg possède déjà des qualités précieuses et surprenantes du haut de ses 19 ans.
Au delà de ses qualités de point d'appui, et spécialement dans la déviation, le natif de Silkeborg est surtout un vrai poison à travers ses déplacements et sa capacité à perforer des lignes balle au pied.
Les défenses adverses ont eu bien du mal à tenir en laisse ce joueur particulièrement véloce et habile dans les changements de direction.
Quant à sa finition et son sang froid devant le but, l'attaquant de l'Ajax prouve depuis des mois qu'il réserve toujours une surprise à ses opposants.
La traditionnelle question se pose malgré tout : en dehors des Pays-Bas et de ses espaces béants, peut-il être aussi performant?
Tout laisse à croire que oui, autant à travers ses statistiques européennes que par le danger qu'il a créé dans les 30 mètres adverses en Europa League.
Ses déplacements étant une de ses qualités majeures, son adaptation à l'extérieur devra cependant se faire intelligemment afin d'exploiter cet atout.
Statistiques par match.
Beaucoup de frappes cadrées (60%/72%) ;
Beaucoup de dribblés réussis (65%/93%).