Roma - Juventus : L'analyse tactique
Leader confortable de Serie A, la Juve se déplaçait dans la capitale pour conquérir un 33ème titre de champion.
Face à elle, la Roma devait défendre sa 2ème place et vaincre ses vieux démons face aux Turinois.
Privé du meilleur buteur de la compétition en la personne d'Edin Dzeko, Spaletti privilégiait la mobilité avec Perotti alors qu'Allegri faisait tourner son effectif par rapport au onze habituel.
Les XI de base
Le match
Dès le début du match, la Roma avait choisi d'aller presser haut dans le camp de la Juve, souhaitant empêcher les relanceurs que sont Bonucci et Pjanic d'être dans un confort dangereux pour toute ouverture lumineuse.
Seulement, Nainggolan venait chercher la défense turinoise à la même hauteur que Perotti, et les lignes de courses dans le pressing collectif ne permettaient pas de couvrir toutes les solutions de passes, occasionnant donc des espaces importants dans leur dos :
Nainggolan va presser Benatia mais ne coupe la relation avec Pjanic.
De Rossi, qui était entre le Bosnien et Sturaro (alors que Salah bloque cette option), est en retard sur Miralem qui peut se retourner dans l'espace.
El Shaarawy vient presser à l'intérieur pour renfermer Lemina mais ne ferme pas l'angle de passe vers Lichsteiner, dès lors complètement esseulé.
Pjanic et surtout Sturaro n'hésitent pas à venir chercher les ballons très bas afin de sortir du pressing exercé par l'adversaire, obligeant les milieux de la Roma à faire un choix : les laisser libre ou s'exposer dans un pressing très haut.
Une fois arrivée à l'entrée du camp romain, la Juve cherchait alors les solutions pour perforer le bloc adverse, bien en place avec le double pivot Paredes-De Rossi et Nainggolan à l'effort devant eux.
Cependant, le collectif laissait encore trop d'espaces face aux déplacements adverses : soit en ne suivant pas ces décrochages soit en ne fermant pas à nouveau les angles de passes nécessaires :
Le bloc de la Roma est en place mais Emerson ne suit pas le décrochage de Cuadrado, permettant à la Juve de trouver des solutions pour avancer vers le but.
Salah fait le choix de fermer la ligne alors que Paredes est trop haut, laissant un boulevard à Sturaro pour se retourner.
Le 0-1
Grâce à ces largeurs et aux décalages créés, la Juventus va finir par trouver la solution dans le dos de Fazio ; un très bon ballon de Sturaro pour l'appel d'Higuain couplé à une infiltration non suivie de Lemina :
Paredes ne réduit pas assez le champ d'action de Sturaro.
Fazio, de par la position de son corps à la base, met beaucoup de temps à se retourner.
Lemina, lui, ne sera jamais suivi pas le milieu romain, De Rossi le laissant libre de tout mouvement.
Du côté de la Roma, on avait trouvé une partie de la solution dès les premières minutes du match par l'espace à aller chercher dans le dos des latéraux, séquence malheureusement recherchée une seule fois :
Contrairement à la 1ère phase, Perotti est beaucoup trop loin de la phase que pour apporter un surnombre et servir d'appui pour son ailier.
Il pouvait également s'infiltrer dans l'espace conséquent dans le dos d'Asamoah.
Pour ce qui est justement de Diego Perotti, il va dézoner régulièrement, venant chercher les ballons dans le halfspace gauche, Salah prenant la position en pointe.
Rudiger ne profitera cependant pas du flanc droit laissé libre, créant un déséquilibre puisque le jeu va basculer à gauche ; le défenseur allemande sera en permanence dans la sécurité au lieu de s'engager :
Il fallait bien ça pour décanter la situation pour les hommes de Spaletti : incapables de créer le danger autrement, l'équipe ne pourra pas compter sur le danger que peut apporter Radja Nainggolan : parfois oublié, parfois il manquera sa 1ère touche ou pire : il ne se retourne pas face au jeu.
Il est alors compliqué de traverser le bloc turinois qui est très compact...
L'enchainement sera cependant réussi une fois et cela aboutira sur l'unique occasion (hors CPA) de la mi-temps pour la Roma.
Malgré l'ouverture du score, l'ensemble du match est très fermé et la recherche de solutions lors d'attaques placées est la principale occupation des 22 acteurs.
La véritable seule fois où la Roma va calibrer son pressing correctement va leur permettre de récupérer le ballon et de se procurer un corner.
Et s'il y a bien un domaine où les deux équipes se montrent dangereuses c'est sur les phases arrêtée.
C'est la Roma qui va en profiter pour égaliser.
Le 1-1
Le triple marquage individuel ne va pas payer pour la Juve : Manolas remporte son duel et De Rossi parvient à conclure.
Pour la 1ère fois, les Gialorossi vont aller presser collectivement en oubliant de ne fermer aucune solution de relance.
Nainggolan va recevoir... Mais ne va pas se retourner alors qu'il a l'espace (Asamoah va sortir mais avec du retard). Il préfèrera orienter à droite.
La possibilité de passe est présente ici mais Paredes préférera jouer la sécurité avec De Rossi.
Après seulement 40' de jeu, Nainggolan parvient à servir le jeu vers l'avant, preuve de la difficulté de la Roma à avancer vers les buts de Buffon.
La 2ème mi-temps
Pour recommencer la deuxième période, deux changements majeurs vont influencer le déroulement du match : le repositionnement de Perotti, invisible en 1ère période comme El Shaarawy & le pressing réorganisé de la Roma :
Ballons touchés par Perotti (1'-45')
Ballons touchés par Perotti (45-69')
Nainggolan va maintenant prendre le soin de presser en coupant la relation du relanceur avec Pjanic.
Problème pour la Juve : Sturaro ne vient pas rechercher aussi bas pour sortir du pressing.
Le pressing amélioré de la Roma va donc leur permettre de récupérer quelques ballons supplémentaires et le fait que Perotti joue exclusivement à droite (Salah prenant en pointe) va surtout dégager l'espace autour d'El Shaarawy.
Ces deux éléments permettent aux visités de récupérer le ballon à l'entrée de leur camp et de profiter d'une reconversion défensive de la Juve trop lente pour isoler l'ailier gauche.
Le "Pharaon" va alors faire la différence seul :
Le 2-1
La balle de match survient très vite après l'avantage pris par la Roma ; Pjanic, pas habitué aux tâches défensives, laisse partir Nainggolan dans un une-deux pris avec Salah.
Bonucci ne ferme pas le champ d'action de l'Egyptien et Benatia ne coupe pas la ligne de passe ; le "Ninja" va crucifier Buffon :
Le 3-1
Autour de ces 2 buts, la seconde période est souvent hachurée par des fautes et la possession du ballon passe d'un camp à l'autre rapidement.
La Juventus se montre plus entreprenante et plus agressive à partir du 3-1 mais manque d'idées arrivée dans les 30 derniers mètres en plus de voir trop de déchet dans son jeu que pour espérer revenir au score.
Spaletti va alors se contenter de "fermer boutique" et Dybala, entré au jeu, tentera de surprendre la défense romaine en arrivant de la 2ème ligne :
Malgré une dernière occasion de Gonzalo Higuain, la Juve ne trouvera pas les moyens de mettre le rythme nécessaire à déstabiliser le bloc adverse, rythme fortement touché par de nombreuses fautes et blessures.
Conclusion
Dans un match très fermé et où les deux lignes d'attaques ont dans l'ensemble été bien maitrisées, il était compliqué de trouver la solution qui faisait la différence.
Alors que la Juventus avait fait le plus difficile en ouvrant le score, la Roma est parvenue à revenir suite au principal danger de ce match que furent les corners.
C'est suite à un ballon légèrement dévié que les joueurs de Spaletti purent trouver la parade pour prendre l'avantage, preuve qu'un coup de pouce de la chance était nécessaire ce soir là pour compenser le manque d'idées une fois arrivé aux 30 mètres adverses.
Seul le but de Nainggolan peut être entaché d'une faute majeure pour les Turinois qui, malgré une timidité certaine, ne montrait jusque là pas de faille apparente.